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Avis des élus CGT du CSEE Le Mans sur le pilote du projet Compass

Contexte

La DOE consulte les élus du CSEE sur le lot pilote de Compass, nom donné au projet de migration des deux applicatifs encore hébergés sur l’Informatique Agence Centralisée (IAC), atteinte par l’obsolescence.

Obsolescence

Technique

Comme indiqué dans le dossier présenté, les applications concernées fonctionnent sur des systèmes que le constructeur ne maintiendra plus à partir de fin 2025.
Lors de la présentation, on a omis de préciser que :

  • la fin de vie de ces systèmes a été annoncée dès 2017, il y a huit ans — une éternité en informatique ;
  • dans les phases qui précèdent l’obsolescence finale, les coûts de maintenance augmentent fortement.

Bref, beaucoup savaient de longue date qu’il faudrait remplacer ces applications, non seulement en raison de leur âge, mais aussi de leur coût d’exploitation.

Applicative

Il n’y a quasiment plus eu de maintenance logicielle depuis 2000, lorsque l’Informatique Agence a été centralisée sur une machine au Mans, au lieu d’être hébergée dans chaque agence.
Les évolutions ultérieures (notamment le changement de génération matérielle en 2010) ont été réalisées par des artifices techniques qui ont déplacé les coûts du logiciel vers le matériel.
La maintenance logicielle résiduelle est aujourd’hui externalisée.
On peut sans exagérer dire que ces applications sont à l’état d’abandon depuis 2010.

Humaine

Ambition 92, le projet d’origine, avait mobilisé plus d’une centaine d’informaticiens pendant plusieurs années.
Jusqu’aux années 2000, des dizaines de salariés travaillaient encore à la maintenance de ces applications.
Aujourd’hui, les sachants se comptent sur les doigts d’une main.
Au fil des départs et des réorganisations, on a laissé partir tous les experts, au point d’être désormais en risque face à un incident technique ou applicatif majeur.

Un projet aux choix discutables

Une implémentation au rabais

Pour la réécriture de ces applications, deux hypothèses avaient été envisagées :

  • une approche ambitieuse, intégrant la comptabilité des apporteurs à celle de la société ;
  • une approche minimaliste, maintenant les processus actuels d’encaissement et de décaissement.

Jusqu’à l’an dernier, la première option semblait privilégiée et plusieurs mois d’étude y ont été consacrés.
Mais, pour des raisons budgétaires, l’ambition a été revue à la baisse.
Les élus sont finalement consultés sur une solution de simple portage technique, confiée à une société externe (Infotel),
dont le principal mérite sera la facilité de prise en main par les salariés concernés, déjà accoutumés à la cinématique des écrans.

Ces hésitations ont non seulement coûté cher, mais elles ont surtout retardé la mise en œuvre.
Quel gâchis !

Précipitation

La demande de la DOE d’un avis anticipé, accordée aimablement par le secrétaire du CSEE, prête à sourire.
On accorde dix jours pour lancer un projet dont la nécessité est connue depuis dix ans et dont chacun sait qu’il démarre déjà trop tard…

Improvisation

À la lecture du dossier, on a le sentiment que ce lot pilote doit révéler tous les problèmes comme s’ils n’avaient pas été anticipés.
Toute personne un tant soit peu expérimentée en gestion de projet informatique ne peut qu’être dubitative face aux prérequis suivants :

  • le déploiement préalable d’IND!GO pour la gestion des sinistres délégués;
  • un acte manuel requis de chaque apporteur avant toute migration.

L’absence de calendrier au-delà de la phase pilote n’est pas rassurante.
Et la promesse, donnée à l’oral, d’une généralisation terminée au premier semestre suscite plus de scepticisme que de confiance.

Avis

Alors que nous aurions dû nous réjouir de la modernisation d’un pan de nos systèmes d’information, nous ne pouvons que regretter sa mise en œuvre laborieuse.
Ce projet illustre une fois de plus l’incapacité de notre entreprise à anticiper.

Comme lors de la cyberattaque, il a fallu attendre d’être dans le mur pour lancer des investissements que l’on savait indispensables.
Là encore, les connaisseurs du domaine n’ont cessé d’alerter sur les risques que l’on prenait à ne rien faire.

Ainsi va la vie de nos grandes entreprises : elles dépensent sur les projets à forte visibilité et « oublient » ceux qui, sans offrir de ROI ni de notoriété, permettent simplement à l’entreprise de fonctionner.

En résumé, le projet COMPASS cumule :

  • la procrastination,
  • l’improvisation,
  • la surdité aux avis des sachants,
  • et, on ne se refait pas, l’externalisation.

Pour toutes ces raisons, nous aurions pu rendre un avis défavorable.
Mais les élus CGT, plus raisonnables que la direction qui a longtemps refusé de voir l’inévitable, prennent acte de ce projet.

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