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La saga des résultats MMA

La gestion du dossier MMA est emblématique de Covéa. On commence par une décision de principe, dite stratégique, la spécialisation des entreprises du groupe. Le message étant simple (ou simpliste), la communication en est facilitée et on ne s’en prive pas. Tout le monde n’a plus qu’à se mettre au garde à vous. Le rouleau compresseur mis en marche, on occulte ensuite toutes les difficultés. Les critiques sont au mieux ignorées, au pire fustigées. Quelques années plus tard, quand on ne peut plus maquiller les mauvais chiffres derrière des météos toujours optimistes, on cherche des coupables. Ce serait la faute, à la conjecture économique, ou encore aux marges insensées des agents généraux. On dit jouer la transparence mais on informe les représentants du personnel bien après les mesures mises en oeuvre sur le terrain. Et bien sûr, on continue de minimiser les impacts.

 

Episode 1 : Ajustement d’organisation
En octobre 2023, on informe les élus d’un « ajustement » d’organisation à la direction générale MMA. Il est toujours difficile de lire dans le marc de café des powerpoint que l’on nous produit en ces occasions, mais dans son avis, la délégation CGT précisait s’interroger sur le long terme et y voir une première vision macro pouvant aboutir sur d’autres projets. Nous ne pensions pas si bien dire.

Episode 2 : Une réunion CSEE très ordinaire
En avril 2024, le DG MMA est venu à nouveau parler aux élus du CSEE Le Mans. Les représentants du syndicat majoritaire s’en félicitent, nous un peu moins. Le DG nous donne raison en nous annonçant que les résultats financiers comme techniques de MMA sont très mauvais, et surprise, pour la quatrième année consécutive. On apprend au passage (même si on le savait déjà des collègues) qu’une épuration de portefeuille a déjà été entamée avec des hausses de tarif conséquentes. Le syndicat majoritaire n’oublie pas de remercier le DG avec chaleur et lui réaffirme tout son soutien pour les difficiles moments à venir. Pour notre part, nous sommes plus inquiets pour nos collègues que pour le directeur.

Episode 3 : L’expertise, oui mais…
Le 22 octobre, les représentants du personnel ont voté une expertise. Face un tel sujet et une telle problématique, il ne pouvait pas en être autrement selon nous (nous regrettons même de ne pas y faire appel plus souvent – minorité quand tu nous tiens…).
Néanmoins, il serait utopique de laisser croire que l’expertise va tout régler. Elle va permettre une analyse fine et (plus) objective des impacts économiques et sociaux du plan de redressement avec des préconisations pour en limiter les effets.

Episode 4 : le fumeux le chapitre 6
Chapitre 6, quesaco ? Il s’agit d’une disposition de l’accord collectif relatif à la « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences » (ou GPEC pour les intimes). La CGT n’a pas signé cet accord (et est la seule) puisqu’il a introduit la notion d' »accord de performance collective » (ce qui n’existait pas dans la banque-assurance) ; ce qui donne la possibilité pour l’employeur de cesser toute activité qu’il jugerait non rentable sans passer par le licenciement économique (cadré, lui, par le code du travail) et d’utiliser les salariés au gré de ses besoins (le salarié n’est plus collaborateur – si tant est qu’il l’ait été – mais une simple variable d’ajustement).
Ce chapitre 6, loué par la direction et le syndicat majoritaire, permet donc à Covéa de procéder à ce que l’on appelle joliment des mobilités dites « contraintes ». Dans les faits, sans d’autre véritable contrainte que celle d’informer les représentants du personnel, cette disposition permet à la direction d’imposer unilatéralement à des salariés un changement de métier. Si les offres de substitution proposées (3 maxi) au salarié concerné ne lui conviennent pas, il n’a plus qu’à aller voir ailleurs, certes avec le bonheur d’avoir une indemnité de licenciement majorée de 30 %. Merci Patron !

Cela n’a pas loupé : 9 salariés sont aujourd’hui à la merci du chapitre 6 ; une première charrette qui ne masque pas le convoi. Les salariés sont la variable d’ajustement à la rentabilité. Dans certains services déjà, on ne remplace plus les départs (qu’ils soient des retraites, des démissions ou des mobilités). Cela touche des services déjà en sous-effectif chronique avec toutes les conséquences connues sur la santé des salariés.

Contrairement à d’autres organisations syndicales, la CGT ne négociera pas le poids des chaînes. La performance et la rentabilité ne peuvent pas se faire au détriment des salariés qui en sont les premiers (seuls?) contributeurs et aucune prime ne pourra compenser la perte de son poste de travail.

Episode 5 : Insuffisance professionnelle
Une des qualifications utilisées par la direction pour justifier un licenciement est l’insuffisance professionnelle. La situation dans laquelle les mauvaises décisions de Covea ont placé MMA nous autorise à invoquer cette même insuffisance professionnelle pour nos dirigeants pour leurs erreurs de gestion comme de stratégie. Devant un conseil de prud’hommes, il ne serait pas bien difficile de plaider l’incompétence, l’erreur, la non atteinte des objectifs, la désorganisation… Le dossier serait bien plus solide que ceux montés à la va-vite par la mal nommée « Direction des coopérations humaines » contre nos collègues. Malheureusement, l’hypothèse du licenciement de nos dirigeants est la plus improbable. Au contraire, une fois de plus, ce serons nous, salariés, qui devrons pâtir de l’incompétence de nos patrons.

 

Notre analyse

La stratégie de spécialisation des entreprises du groupe montre ses limites. Le réseau commercial de MMA que l’on a essayé en force de spécialiser dans les produits d’entreprises n’est pas (ou ne s’est pas) adapté à ce rôle. Nos patrons, dans leur tour d’ivoire de Tivoli, découvrent le métier d’assureur. En période de crise, le marché des entreprises est déficitaire, étonnant non ? De longue date, les compagnies d’assurances, afin d’aplanir les soubresauts de l’économie, diversifient leurs activités. Pour aggraver la situation, Covéa a cherché à acquérir des parts de marché au pire moment. Nos chers patrons si prompts à s’autocongratuler bafouillent des explications pour se dédouaner de toute erreur stratégique.
En attendant, une fois de plus, les salariés vont devoir assumer la gestion laborieuse des dirigeants.

Parce que la CGT est convaincue qu’en se rassemblant, en partageant et en s’organisant, les salariés peuvent (re)prendre le pouvoir qui est le leur, n’hésitez pas à échanger sur votre quotidien à l’adresse
dédiée : avis_sur_plan_de_redressement@cgt-mma.org
Les élus et mandatés de la CGT pourront ainsi vous représenter et être un véritable relai de vos ressentis et revendications sans compromission vis-à-vis de la direction.

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