Déclaration des élus et mandatés CGT au CSEE Niort le 05/11/2020.
Alors que le pays doit faire face à la seconde vague de la pandémie de Coronavirus et que le spectre d’une troisième vague nous hante déjà (ce qui tend à valider l’hypothèse du « stop and go » évoquée dès le début de la crise sanitaire), le gouvernement a décidé de mettre en place un nouveau confinement, dont les modalités sont toutefois différentes de celui du mois de mars.
Alors que les experts s’affrontent sur les plateaux télé pour convaincre le grand public du fait que la maà®trise de l’épidémie a été perdue cet été, le Ministère du travail a élaboré, dans la précipitation et avec une certaine confusion, un nouveau protocole sanitaire à destination des entreprises le 29 octobre dernier. Dans ce cadre, alors que les autorités mettaient en avant depuis septembre le fait que le 100% télétravail avait probablement des effets négatifs pour les salariés et tout en continuant de préconiser le télétravail comme moyen de prévention primaire face aux risques d’exposition au Coronavirus, il a été admis que le recours au télétravail en alternance avec le travail sur site était une solution pouvant être satisfaisante.
Puis, après une journée de flottement entre l’annonce présidentielle du confinement et la publication des modalités pratiques d’application de ce dernier, les autorités ont fini par annoncer que le télétravail devait être déployé massivement.
Ainsi, Covéa, après avoir en urgence, le 29/10, transmis le sésame permettant de justifier les déplacements professionnels, qui font désormais font partie de la liste des exceptions au confinement, espérant sans doute que le 100% télétravail ne deviendrait pas la règle, l’entreprise a dû en une journée mettre en place le télétravail de la manière la plus large possible.
Une nouvelle fois, tout le monde a dû faire part de réactivité, puis il faudra s’adapter, car certaines modalités restent floues.
Les salariés devront se mettre en ordre de marche en emportant tout leur matériel informatique (grand écran, clavier, souris, casque, l’unité centrale « Tiny », leurs documents etc).
L’entreprise avait commencé à anticiper l’hypothèse d’un re-confinement en investissant et en déployant un nouveau matériel informatique pour une partie des équipes de sorte à faciliter le transport de celui-ci entre le lieu de travail et le domicile.
Pour autant, elle n’a (une nouvelle fois) pas été jusqu’au bout de la logique de prévention qui lui incombe, en mettant en place de faà§on uniforme et unilatérale des décisions sans prendre en compte la réalité et la diversité des situations.
Ainsi, la mise en place du télétravail, bien qu’étant une mesure de prévention primaire et donc a priori une des plus efficaces pour limiter l’exposition au risque de contamination des salariés à la Covid-19 et aux autres « maladies et virus de saison », n’est pas sans soulever d’autres problématiques et inconvénients.
En premier lieu, se pose la question de la définition des populations « éligibles » au télétravail. à ce propos, s’il convient d’acter que la fermeture pure et simple des agences, semble complexe, voire impossible à mettre en place dans le cadre d’un confinement autorisant une vie économique et alors que l’assurance a été listée comme « activité essentielle », cela ne signifie pas que 100% des salariés des réseaux doivent travailler sur site et ainsi être plus exposés que les autres salariés au risque de contamination (par les clients, dans les transports en commun…). Une analyse plus fine des risques et de l’activité des salariés des réseaux permettrait, sans doute, par exemple d’autoriser les salariés d’accéder, par roulement au télétravail, diminuant ainsi le risque d’exposition au virus et maladies hivernales. Elle permettrait également d’apporter des mesures de préventions liées à l’organisation du travail (aménagement des horaires d’ouverture par exemple) ou bien à l’amélioration des moyens de protection individuelle, fournis par l’entreprise, par exemple pour les salariés itinérants, qui sont amenés à se déplacer chez les clients, augmentant ainsi le risque d’exposition, mais aussi les mettant parfois à des risques psychosociaux dans la mesure où « les clients » ne réagissent pas toujours bien quand un rendez-vous leur est proposé chez eux.
En second lieu, lorsque le télétravail a été mis en place, il l’a été de faà§on généralisée, sans analyse de risque, alors que pour certains salariés il existe un risque important lié à l’isolement social, à une plus grande difficulté à recourir au soutien managérial ou au soutien des pairs, mais également à une plus grande exposition aux violences conjugales pour, les trop, nombreux (-ses) salarié (-es) concerné (-es).
En troisième lieu, la généralisation du télétravail pour lutter contre la propagation de la pandémie ne doit pas occulter la question de l’aménagement du poste de travail des salariés à domicile. Question qui a été totalement écartée lors de la négociation de l’avenant à l’accord télétravail malgré nos demandes. Nous rappelons qu’il n’est prévu aucune dotation de mobilier ou indemnité permettant aux salariés d’acquérir du mobilier adéquat pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions matérielles.
Pire, les salariés en situation de handicap ou présentant des restrictions d’aptitude nécessitant des aménagements spécifiques, qui sont équipés de matériel adapté à leur pathologie et prescrits par le médecin du travail, ne savent pas s’ils peuvent l’emporter avec eux.
En outre, nous constatons que les dotations de matériel informatique sont assez disparates de sorte que tous les salariés ne bénéficient pas du même niveau d’équipement à leur domicile et sur site : les usages et le confort d’utilisation ne sont pas les mêmes sur un écran de 14 pouces que sur un voire 2 moniteurs.
Enfin, si le déploiement des « Tinys » facilite le transport de l’unité centrale par rapport aux tours traditionnelles, il ne reste pas moins que les salariés doivent une nouvelle fois transporter et manipuler du matériel, des documents, ce qui n’est pas sans poser, une nouvelle fois, des difficultés pour certaines personnes « vulnérables ».
Nous rappelons à notre direction que les employeurs sont soumis à une responsabilité en matière d’hygiène, de santé et d’aménagement des conditions de travail, ce qui passe notamment par l’obligation de mettre en place des mesures de préventions, qui doivent être transcrites dans le document unique d’évaluation des risques professionnels, ainsi que le programme annuel de prévention des risques professionnels, y compris pour les salariés en télétravail. Ainsi nous demandons à ce que des mesures soient prises pour remédier aux différentes problématiques que nous venons de soulever, plus généralement quant aux difficultés liées à la gestion de la crise sanitaire liée au Coronavirus et aux « effets de bord » provoqués par la mise en place du protocole sanitaire, mais aussi quant aux conditions de travail des salariés en télétravail (tant en période de confinement puisqu’il y en aura probablement d’autres, que pour le télétravail en période normale).